Les écrans de la mort

Vous les avez sans doute vus, ils ont tout d’abord fait leur irruption dans les gares, dont ils ont investi les quais, les couloirs, les halls, puis ils sont apparus dans les boutiques des villes et parfois même les rues… Les panneaux publicitaires lumineux, bien que dénoncés dans le populaire documentaire Demain que je conseille à tous (voir la critique sur le site du Zitung), se multiplient. Mais alors, pourquoi stopper cet élan ? N’est-ce pas s’opposer au progrès ? Le monde et les moyens de communication évoluent, il faut se mettre à la page. Mais, avec cette question du progrès, vient une interrogation : le progrès, certes, mais le progrès vers quoi ? Vers une omniprésence de la pub dans la vie et dans la ville, vers une consommation de masse alors même que ce mode de consommation commence à être sérieusement remis en question ?

Les panneaux lumineux sont en effet :

1) Une pollution environnementale.

Si la pub papier n’est pas très eco-friendly non plus, les arbres restent renouvelables (à condition de ne pas déforester comme on le fait actuellement, des autocollants stop pub pour réduire la pub papier sont d’ailleurs disponibles au B3V), les matériaux qui permettent la fabrication des écrans sont loin d’être tous renouvelables, non polluants, recyclables et récoltés dans des conditions respectueuses de l’environnement et des travailleurs. Ceci étant dit à propos des écrans en tant qu’objets éteints, on peut aussi et surtout parler de leur consommation une fois allumés. Des écrans de plus d’1 mètre, allumés en permanence de 5h du matin à minuit, on vous laisse imaginer la consommation… Cela équivaudrait à la consommation d’un foyer de 4 personnes (voilà, avec la même consommation d’énergie, tu peux fonder une famille, monter une coloc ou adopter un écran, à toi de voir le plus pertinent...).

2) Pollution visuelle

Même si tu t’en fiches de l’environnement et que polluer, c’est ton dada, ces écrans ne sont pas bons pour toi non plus. En plus de passer tes 8h de taf par jour devant l’ordi (sur ton cours ou ton facebook, peu importe), tes soirées devant des séries, tes pauvres yeux subissent aussi un écran lors de tes trajets. Ça brûle un peu le soir ? C’est normal, c’est le progrès.

3) Pollution mentale

Tu veux réfléchir au sens de la vie, faire le point sur ta journée, rêvasser un peu, lire (malheureux, quelle est cette sorcellerie ?) ? Non, si tu peux continuer à faire toutes ces activités, il y aura forcément un moment où ton attention sera distraite par la même pub qui passe en boucle sur l’écran pendant que tu attends ton train. Même en passant devant sans faire attention, ton œil sera attiré vers la lumière.

Heureusement, tout cela sert un but sain, bénéfique, favorable pour tout le monde : te faire acheter un nouveau matelas, un nouveau parfum, un nouveau jean, peu importe, n’y réfléchis pas trop, mais cours au magasin, tu en as grand besoin.

Voilà de quel type de progrès il s’agit.

Les avancées technologiques permettent beaucoup de choses, mais encore faut-il les utiliser convenablement (pourquoi y a-t-il plus de panneaux de publicité que de panneaux d’affichage informatif dans les gares ? Pourquoi choisir de mettre des écrans inutiles au-dessus de toutes les salles du bâtiment D alors qu’aucune n’est équipée de détecteurs de mouvement qui pourraient résoudre le problème des lumières laissées allumées et les pertes d’énergie ??)

Pour aller plus loin :

https://petition.antipub.org/petition/5/

Camille Vega