“Arrête avec tes mensonges” – Philippe Besson
- Cyril Andrieux
- 9 mars 2018
- 3 min de lecture
Je dois avouer que je devais chroniquer un livre totalement différent de celui-ci. La raison de ce changement est cependant simple : c’est un des meilleurs livres, si ce n’est le meilleur, que j’ai lu de ma vie et je me devais de le partager avec vous. Je ne suis pas un fan inconditionnel de Besson (j’en ai lu certains mais pas tous) mais je dois dire que j’ai été soufflé par cette lecture. On pourrait me reprocher d’être trop élogieux envers certains livres mais dans ce cas précis, ça va au-delà. C’est viscérale et transcendant.

Pourtant sur le papier l’histoire n’a pas l’air super excitante : Un homme (ici l’auteur, car ce n’est pas une fiction) pense recroiser son amour de jeunesse dans un hall d’hôtel pendant qu’il donnait une interview à une journaliste. Alors il laisse complètement en plan celle-ci pour se ruer vers l’homme qu’il croit reconnaître. Cette rencontre le fait revenir en 1984 dans son village natal, là où commence cette relation. Car oui, en 1984, Philippe éprouve des sentiments pour Thomas, ado discret et d’apparence froide. A travers les yeux de Philippe nous vivons cette année assez folle pour lui. Avec toute la pudeur que l’auteur y met, nous voyons les non-dits, les gênes mais aussi le bonheur qui se met en place. Malgré tout, ça sera dur car une des sensations qui prédomine dans ce roman est le manque. Manque de la personne aimé, manque de lui. C’est vrai qu’avec le recul, le manque est même la sensation centrale de l’œuvre de Besson car c’est un thème récurant. L’auteur ne cache rien, ni les pudeurs, ni les crudités de leur relation, ni le fait que personne ne sera jamais au courant de ce qu’il c’est passé durant cette année 1984. Vous me demanderez peut-être pourquoi seulement 1984.
Eh bien car cette romance, bien que caché, entre Philippe et Thomas ne survivra pas au Bac. Promis à de grandes études, Philippe part sur Bordeaux faire une classe prépa et Thomas décide de partir en Espagne pour retrouver ses racines et travailler la terre. Puis vers la moitié du roman, c’est l’apparition du fils, le fils de Thomas : Lucas. On comprends alors que Thomas n’a pas pu assumer son « lui » profond et qu’il a refait sa vie en Espagne. Les liens sont entremêlés, ténus et parfois coupés mais toujours présents. Nous voyons cependant que pas un seul instant Thomas regrettera. Voici la phrase, selon moi, la plus forte du livre : « Je voulais juste t’écrire que j’ai été heureux pendant ces mois que nous avons passés ensemble, que je n’ai jamais été aussi heureux, et que je sais déjà que je ne serais plus jamais aussi heureux ».
Pour parler du style, c’est un style que j’apprécie tout particulièrement car c’est un style simple, mais pas simpliste, avec des phrases taillées au cordeau et pleines de sens. L’auteur va à l’essentiel et ne se perd pas dans des farandoles inutiles et stériles. Ce petit livre de 180 pages, je l’ai lu en une soirée tellement j’ai été aspiré par cette histoire, enfin je devrais plutôt dire ces événements. Je me risquerais même à dire que ce livre est le prequel de tous les autres car c’est vraiment la base de ce que Besson écrira plus tard. Vraisemblablement il fut vraiment affecté par cette histoire d’amour et cela va hanter ses œuvres futures.
Cette chronique est très frustrante car il y aurait tant de choses à dire sur ce roman que je ne peux me résoudre à lâcher mon clavier. Mais bon toutes les bonnes choses ont une fin alors voilà, je ne peux que vous conseiller ne serait-ce que d’emprunter ce livre pour que vous puissiez juger sur pièce un roman qui est renversant.
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