What So Not Not All The Beautiful Things (09/03/2018)
- Pierre Blanc-Garin
- 23 mars 2018
- 3 min de lecture

Si je vous dis : producteur australien de Bass Music, plus précisément de Future Bass, style qu’il a lui-même d’ailleurs en partie inventé vous me répondez ? Flume ? Perdu. Enfin presque. What So Not est à l’origine un duo composé donc de Flume et d’Emoh créé en 2010. Je vous invite à écouter le morceau Trust réalisé en solo par Emoh l’année dernière, l’influence de Flume y est encore très prégnante (gage de qualité selon moi). Après avoir sorti de nombreux morceaux, Flume décide de quitter What So Not début 2015. Début 2016 il sortira alors Skin son deuxième album solo. Mais ce qui nous intéresse ici est le premier véritable album studio, et solo par la même occasion, d’Emoh toujours sous l’alias What So Not. Essai transformé ?
Alors que Flume a fait sensation avec son premier album éponyme en 2012 et s’est totalement émancipé musicalement en 2016 avec Skin, What So Not parvient à proposer un album cohérent et réussi en mettant en avant son propre univers sans toutefois remettre en cause tout son riche héritage. En 12 morceaux, Emoh est parvenu à réunir de nombreux artistes sur ce long format, à même de mettre en parallèle plusieurs univers sur chaque piste. En effet, il garde comme trame principale le style Future Bass tout en le mélangeant à chaque fois avec un style différent. On notera ainsi la présence de Skrillex sur Goh (ft. KLP), que l’on reconnaît dès les premières secondes dans son utilisation de samples de voix féminines. Morceau trap par excellence, on retrouve ici le style développé entre Skrillex et Diplo dans leur duo Jack U. On note ensuite la présence de Daniel Johns (l’ancien chanteur du groupe de rock Silverchair) sur trois morceaux. La collaboration la plus marquante reste le single principal de l’album, Be Ok Again, bijou de musicalité dans lequel Emoh se paie le luxe de chanter le refrain, fait rare dans la musique électronique. Johns est aussi présent dans If You Only Knew en collaboration avec San Holo, morceau mêlant rythmique trap et lead de guitare, fusion plus agréable qu’elle n’en a l’air au départ. A noter également le côté plus agressif de l’album avec Bottom Head coécrit avec Dyro, ancien producteur de Big Room à la Hardwell reconverti dans le glitch-hop pointu (qui a dit Kamoulox ?). On savoure alors un délicieux morceau de Dubstep qui ravira les puristes de l’ancienne heure. Enfin, pour finir sur ce tour d’horizon des collaborations nous ferons un dernier arrêt en Afrique. Eh oui, car l’alliance la plus improbable de cet album est bien la réunion d’Emoh et du groupe de rock à l’origine d’Africa, morceau de 1982 devenu un énorme meme ces derniers mois, Toto. Et la magie opère encore une fois, à la manière de Sail d’Awolnation dans sa construction, les artistes parviennent à parfaitement mêler d’un côté les influences électroniques et de l’autre les influences rock notamment par la guitare lead et le chant entraînant de Joseph Williams.
En somme, loin d’un album fade et répétitif qui reste la norme dans ce style de musique, Emoh sous What So Not a su nous proposer quelque chose de plus qu’un énième EP rallongé. Véritable œuvre qui ne marquera peut-être pas les esprits à long terme, mais qui a le mérite d’être vraiment agréable à écouter et dont on retiendra quelques titres comme Be Ok Again. Rendez-vous au deuxième album ?
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