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The Newsroom : La condition du journalisme moderne

  • Benjamin Paysant
  • 23 mars 2018
  • 3 min de lecture

Parlons pour commencer de la scène d’ouverture de The Newsroom. Will McAvoy, présentateur vedette d’un JT du câble et deux personnalités politiques participent à un débat dans une université. Lors de ce débat, une étudiante demande « Pourquoi les Etats-Unis sont le plus grand pays du monde ? ». La question est stupide par sa généralité et, disons-le, sa niaiserie. Cependant, dans un pays aussi fier et patriote que les Etats-Unis, la question ne choque pas et d’ailleurs les deux personnalités politiques répondent à la question sans broncher. Will McAvoy, qui est alors réputé pour sa tendance à éviter de prendre position, est poussé par le médiateur du débat à répondre sérieusement. Will affirme alors dans un monologue passionné que « Les Etats-Unis se sont pas le plus grand pays du monde » ou du moins qu’ils ne le sont plus. Cette déclaration, relayée par les médias lui vaut alors une grande vague de critique pour son manque de patriotisme.

Cette première scène marque le ton de The Newsroom : Le rejet du conformisme, de la télé poubelle. La célébrité a transformé Will McAvoy en l’archétype de la vedette prêt à tout pour s’accrocher à son audience. Ce qu’on suit dans The Newsroom, c’est sa rédemption, son retour au JT de qualité, préférant l’information au divertissement, au JT d’investigation plutôt qu’un JT sensationnel. Pour se faire, nous suivons le quotidien de la rédaction du JT. On suit les prises de décision, l’élaboration étape par étape du JT, les débats éthiques menés en amont, … avec comme toile de fond de vrais évènements de l’actualité américaine de l’année 2010, ce qui rend tout cela d’autant plus passionnant car on peut réaliser concrètement l’ampleur des évènements présentés. Il est intéressant d’observer cette série de 2012 à la lumière de 2018. Les fake news sont au cœur du sujet sans toutefois être évoquées puisqu’à travers l’arbitrage de la rédaction et l’établissement du JT, c’est toute une procédure d’approfondissement et de vérification des informations qui est mise en lumière. La série est aussi un moyen de répondre aux critiques que subissent « les médias », que ce soit par des anonymes ou des personnalités publiques, qui leurs reprochent de ne pas être impartiaux. Dans The Newsroom, on voit que la rédaction subit les mêmes critiques alors que dans l’élaboration du JT, l’équipe prend soin de toujours rester fidèle aux faits, aux chiffres, au concret. Alors cette impression de partialité généralisée est-elle toujours fondée ? N’est-ce pas plutôt le résultat d’une tendance plus vaste à rejeter ce qui ne nous dérange ? The Newsroom se penche indirectement sur ces questions. Aaron Sorkin est un idéaliste et ça se voit dans sa série. Il rêve d’un journalisme intelligent qui a conscience du pouvoir qu’il a sur la population et s’en servirait pour l’éduquer, l’amener à penser par elle-même. Sorkin nous dit qu’on peut ne pas être d’accord avec les thèses exposées dans un JT, c’est d’ailleurs normal de ne pas adhérer à toutes, mais rien ne nous empêche de le regarder quand même. Osons écouter et comprendre les opinions qui vont à l’encontre des nôtres. C’est ce que le journalisme fait, et c’est mettre en danger la capacité qu’a la population à s’informer que de dénigrer leur travail de manière automatique.

Sans transition comme on dit au JT, The Newsroom n’est pas non plus une série austère. Il y a des gens derrière tout ça avec leurs histoires et problèmes plus ordinaires et c’est ça aussi qui est intéressant. C’est un nœud de relations amoureuses compliquées, de non-dits, de quiproquo, de « je t’aime moi non plus », … Ce sont des personnages face à leurs erreurs, à leurs doutes, à leurs regrets. Bref, tout ce qui fait un bon drama comme on les aime. Tout cela est ficelé par le showrunner oscarisé Aaron Sorkin (A la Maison Blanche, The Social Network, Le Grand Jeu) pour un résultat dynamique, bien que quelques fois un peu mielleux. Finalement, et c’est le principal, The Newsroom nous fait passer un bon moment.


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