Calls, la série qui s’écoute 1 saison, 10 épisodes, 12min/épisode, Canal+
- Benjamin Paysant
- 6 mars 2018
- 2 min de lecture
« Vous allez regarder la première série qui s’écoute ». Voilà comment Fanny Sidney, comédienne, présente la série Calls au début de l’épisode 1. Déclaration pouvant sembler étonnante au premier abord, étant donné qu’avant internet et la télévision, la radio a été inventée et avec elle les séries radiophoniques, par définition des séries qui s’écoutent.
Cependant, même s’il est vrai que peu d’entre nous écoutons la radio aujourd’hui, encore moins les séries radiophoniques, ce n’est pas une erreur ou un oubli, car Fanny Sidney dit bien « regarder la première série qui s’écoute » et non « écouter la première série qui s’écoute ». En effet, la série pallie la réticence à l’expérience de la série audio en affichant sur l’écran les paroles des personnages de façon qu’on ne les confonde pas et qu’on comprenne clairement ce qui se passe. Le texte apparaît sur l’écran avec en arrière-plan des lueurs sombres, suggérant l’action, les lieux, les atmosphères, sans toutefois montrer quoi que ce soit de net : Calls est un exercice d’imagination avant tout !
Mais qu’y a-t-il à imaginer ? Que raconte cette série ? Eh bien elle raconte des appels d’urgence toujours des plus angoissants, des histoires paranormales, les communications de plongeurs en mer faisant une découverte, la création d’une secte et bien plus encore. Mais tout est lié : C’est comme si une grande tempête avait attaqué cette série, dispersant les personnages et les scènes d’une histoire grandiose dans tous les sens, le résultat ne pouvant être que décousu. C’est peut-être ce qui nous pousse à suivre cette série : la recherche du lien, de l’infime indice qui reliera 2 épisodes entre eux.

Comme le dit Jérémie Elkaïm, comédien, « Soyez attentif, chaque détail a son importance » J’avoue que je m’attendais à une série audio classique, relatant des faits, sans véritable profondeur. Autant vous dire que dés le premier épisode, j’ai été agréablement surpris. Enfin, « agréablement », ce n’est peut-être pas le bon mot. Le premier épisode n’est pas agréable, il est angoissant.
Par cette voix, cette voix si particulière d’une personne en détresse appelant les secours, qui décrit une situation de danger faisant allusion à des évènements paranormaux, le premier épisode est pesant mais aussi captivant. Et je dois dire que j’étais tellement emballé que j’ai enchainé tous les épisodes de la série d’une seule traite (je le conseille d’ailleurs, ça fait environs 2h, comme un film, et ça permet d’avoir tous les éléments en tête pour faire les rapprochements entre les épisodes).Cette réinvention de la série audio marque un moment dans l’univers télévisuel.
On veut toujours montrer plus dans les séries aujourd’hui : Plus de sang, plus d’explosions, plus de sexe, plus d’explicitations, … Et on en perd la profondeur, autant du point de vue émotionnel qu’intellectuel. On nous sert de plus en plus de prémâché, nous indiquant ce qu’on doit ressentir, ce qu’on doit comprendre sans que nous cherchions à le savoir par nous-même. Calls marque donc ce refus de l’appauvrissement de l’expérience télévisuelle en faisant un retour, un retour vers le fondamental, l’histoire en elle-même, une base sur laquelle il nous appartient de créer des images et des émotions.
Dans l’ère de l’explicitation, Calls fait l’apologie de la suggestion au profit de notre imagination et ça fait du bien !
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