top of page

Architects – Lost Forever // Lost Together (11/03/14)

  • Pierre Blanc-Garin
  • 6 mars 2018
  • 3 min de lecture

Perdus à jamais mais perdus ensemble. En une phrase vient de se révéler toute la complexité et tout l’enjeu d’un des albums les plus marquants du Metal moderne, et avec elle la si belle et rageuse mélancolie d’Architects.

Après 5 albums (presque) tous aussi remarquables les uns que les autres, les 5 amis de Brighton en Angleterre ont enfin produit l’album de la maturité avec Lost Forever // Lost Together, 6ème opus d’une discographie regorgeant de morceaux marquants. Fer de lance du Metal Progressif Moderne (parfois appelé Djent), Architects réalise la performance incroyable de sublimer encore l’art du riff et de la technicité musicale au profit de la mélodie pour nous offrir une œuvre profonde et maîtrisée de bout en bout. Composée de 11 morceaux, cette dernière nous fait voyager à travers la rage et la tristesse du groupe qui dénonce tout du long les dérives de la religion au sens large du terme, les guerres incessantes au Moyen-Orient ou encore des combats plus personnels comme la bataille quotidienne contre le cancer.

Ambassadeurs pour l’ONG Sea Shepherd, vegans, politiquement engagés en faveur du parti travailliste au Royaume-Uni, les membres d’Architects ont fait de leur musique plus qu’une expression personnelle un moyen de militer, magnifiée par un grand sens de la Musique.

Avec Gravedigger le ton est donné dès la première minute de l’album, un morceau puissant et efficace réunissant tous les ingrédients d’une composition-type d’Architects : le chant hurlé rageur de Sam Carter, des riffs complexes, une rythmique alambiquée et un chorus calibré pour être scandé en concert.

Naysayer, le 2ème morceau, n’est pas en reste avec une intro qui règlera tous vos problèmes d’audition (plus de problèmes d’audition si on n’a plus d’audition) et son refrain en tant qu’hymne vindicatif à l’engagement et à l’espoir : « So sick of the sound of people giving up / You can't stop me giving a fuck ». Arrive par la suite un des morceaux les plus marquants de l’album, le principal single, Broken Cross qui comme son nom l’indique se révèle être un pamphlet nihiliste cinglant contre l’Eglise alors que Sam hurle « God only knows why we were born to burn / He doesn’t fucking love us ».

Mais au-delà du chant et du message la composition instrumentale doit aussi être évoquée tant le défunt Tom Searle, guitariste du groupe, est parvenue à créer une ambiance unique, alternant de lourds riffs graves et saccadés à des ponts très atmosphériques – structure qui rappelle toute l’ambiguïté du titre de l’œuvre et de l’œuvre en général. Une pause instrumentale en milieu d’album est salutaire, tant l’ambiance peut paraître pesante. Avec Red Hypergiant Tom nous permet d’apprécier sa science de la composition, appuyée par un extrait d’un discours de Carl Sagan qui nous rappelle qu’au-delà des divisions, des différences et des différends, nous sommes tous membres d’une même planète et que le salut passe par la paix et le respect.

Qui a dit que le Metal ne pouvait pas être porteur de valeurs humanistes ? Mais le calme est de courte durée alors que vient à présent probablement le morceau le plus viscéral jamais composé par le groupe, C.A.N.C.E.R. Comme pour tous les autres morceaux de l’album, c’est le guitariste Tom Searle qui a composé non seulement la mélodie mais aussi les textes. Véritable thérapie par les mots, on retrouve ici encore une fois la quintessence du message véhiculé par l’œuvre, cet état de perdition immuable mais jamais solitaire. Car alors que Sam chante « Your name carries more than disease. / A symbol of man brought to his knees. “, il n’oublie pas de rappeler “Find a little light and hold it close. / Don't lose sight, don't lose sight of what matters most.” Qu’il scande encore une fois, accompagné par une mélodie des plus déchirantes. Et sa lumière s’est éteinte avec lui alors que le cancer l’a emporté en 2016 à l’âge de 28 ans.

Nous avons vu, comme il l’avait écrit dans cette chanson, le soleil sombrer dans la mer. Et de cette peine naquit encore de nombreux autres morceaux dont on pourrait débattre mais surtout écouter pendant des heures. D’une qualité rare, Lost Forever // Lost Together est un de ces albums d’exceptions, singulier, qui pousse l’auditeur dans ses retranchements tant musicalement qu’émotionnellement. Violent, viscéral, sombre, il nous perd dans un abîme duquel on ne ressort pas indemne. Mais la conclusion revient à Tom, proférée durant une lueur d’espoir : « Believe that these words are more than wasted breath ».

Je dédie cette chronique à Tom Searle.


Comments


Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square

© 2017 Le Zitung EM STRASBOURG

bottom of page