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Jusqu’à la garde

  • Camille Vega
  • 5 févr. 2018
  • 3 min de lecture

Vendredi 8 décembre, le B3V (par l’intermédiaire de l’EM Strasbourg) était invité à l’avant-première de Jusqu’à la garde. Le film était suivi d’un débat autour des violences faites aux femmes, organisé par Soroptimist (« le meilleur pour les femmes »), mouvement militant pour les droits humains et pour améliorer la vie des femmes, notamment en luttant contre ces violences.


Le film raconte l’histoire d’une famille, avec un petit garçon d’une dizaine d’année, une fille de 18 ans et deux parents qui viennent de se séparer. Histoire somme toute banale d’un mariage qui s’est terminé. Ou peut-être pas. Tout au long du film, on sent une certaine tension monter, et un silence qui se fait de plus en plus pesant. Réalisé presque comme un thriller, ce drame nous fait ressentir une peur grandissante et tacite. Tacite est le bon adjectif. Silence est en effet le mot-clé du film. Rien n’est dit, rien n’est montré des violences passées, mais on comprend par une suggestion fine et efficace le passé de cette famille, la souffrance et l’impossibilité de rompre seul ce silence.

Les personnages sont tous incarnés par des acteurs brillants, particulièrement celui du petit garçon. Le film les présente tous, en les dévoilant assez sans non plus en dire trop, toujours dans la justesse. Le spectateur se retrouve donc complètement immergé dans cette situation, témoin de l’angoisse ambiante, devinant l’avant, craignant l’après.

Avec une grande finesse, Xavier Legrand révèle le schéma de la violence, son cycle : violence – accalmie – pardon – violence à nouveau, le rapport aux parents, aux proches, à la justice.

Le réalisateur livre ici un beau film, ne cherchant pas à montrer des scènes dures ou brutales, mais dénonçant une situation ambiante de violence, une violence dans le silence qui pèse, dans l’omniprésence du père, dans le courage du petit garçon, dans les yeux de la mère et en cela il fait de ce film une œuvre engagée.


Rappelons qu’en France aujourd’hui, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son mari ou de son compagnon. On estime que, par an, 84 000 femmes entre 18 et 75 ans sont victimes de viols et de tentatives de viols. Dans 91% des cas, il s’agit d’un agresseur connu et seules 9% des victimes portent plaintes. Plus largement, en France, 1 femme sur 7 déclare avoir subi au moins une forme de violence sexuelle dans sa vie.


J’ai vu ce film et j’ai souffert de voir cette violence et ce silence qui la couvrait. Et puis, je suis sortie de la salle et j’ai vu nos familles, nos voisins, nos entreprises, nos écoles, notre société dans laquelle l’histoire se répète encore et encore dans le plus grand des calmes, dans laquelle les victimes n’ont pas de voix, dans laquelle celles qui s’expriment dérangent. Société qui condamne les symptômes tout en entretenant le mal, société de l’apparence et du divertissement qui nie la réalité de la moitié des êtres qui la composent, par peur du scandale, parce qu’elle se sait coupable d’avoir laissé faire et lâche de ne toujours rien faire. Alors j’ai été tentée de juste tourner la tête et regarder la neige tomber.

« Cachez cette violence que je ne saurais voir. »

Mais les Tartuffes finissent toujours démasqués.


Film de Xavier Legrand

Sortie le 7 février (tiens, tiens le jour de la journée des 3 valeurs ! )


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