Carpenter Brut – Trilogy (19/01/2015)
- Pierre Blanc-Garin
- 15 janv. 2018
- 2 min de lecture
Ami lecteur, si tu es passionné par la charpenterie, apprécies Hotline Miami ou que tu ne jures que par le pectoral avantageux de Ryan Gosling, cet album est fait pour toi. Mets tes plus belles Ray-Ban, enfile ta paire de gants et empoigne ton marteau, c’est parti pour un tour en Mustang.

Par ce triptyque, Carpenter Brut nous propose l’intégrale de ses 3 EPs sortis respectivement en 2012, 2013 et 2015 ; 1h20 de balade frénétique où se mêlent les palmiers de Miami, les néons violets et la douce odeur de gomme d’une Mustang 76. Fer de lance de la Darksynth française et internationale, l’homme-orchestre nous propose une actualisation de ladite Synthwave, courant de la musique électronique influencée par l’imagerie des années 80. On parle de Darksynth car il fusionne les synthétiseurs à des lignes de basses sombres et dansantes, et des harmonies rappelant le Metal. A noter que la version live du projet apporte une réelle valeur ajoutée car Carpenter Brut devient un vrai groupe sur scène avec un guitariste, un claviériste et un batteur. Groupe qui se produira d’ailleurs à la Laiterie le 15 mars, avis aux curieux ! Mais pourquoi parler de Ryan Gosling me direz-vous. Car au lendemain de la sortie du film Drive, le monde a découvert en 2011 la Synthwave par le biais de Kavinsky et son hymne à la nuit Nightcall. Preuve s’il en est de la bonne santé de la scène électronique française par ailleurs. Mais place à la musique.
Après 6:44 d’intro Synthwave classique, le premier morceau de l’album se dévoile. Disco Zombi Italia est l’hymne parfait pour annoncer le potentiel de ce triptyque, dans lequel une guitare funk soutient avec brio la mélodie principale toute en arpège qui fera danser même les plus récalcitrants. On enchaîne avec 347 Midnight Demons, le morceau qui résume à lui tout seul ce qu’il se fait de mieux en matière de Synthwave. L’album se poursuit avec un double morceau miroir : Roller Mobster, le classique de Carpenter Brut avec lequel ce dernier démontre toute l’ampleur de son talent dans le domaine de la Darksynth : des kicks furieux, une double mélodie lead où le synthé funky répond au deuxième synthé hurlant tout en distorsion, et par-dessus, une fine nappe de guitare funk vient enrober le tout. Un morceau à faire headbanger n’importe qui. Meet Matt Stryker vient lui répondre sans aucune transition, plus mélancolique et maîtrisé. Mais un artiste sait transcender son art et le faire évoluer, comme lors de Looking For Tracy Tzu. Hypnotique et progressive balade qui nous emmène sur les bords de Venice Beach, un doux soir d’été lors duquel on contemple le soleil couchant de Miami à travers les yeux de Trazy. Pourtant le rêve est de courte durée, et la dystopie revient au galop avec Anarchy Road, pamphlet apocalyptique, ironiquement un des rares morceaux dans lequel le chant est présent. Et l’alchimie fait effet, une des meilleures pistes de l’œuvre, pourtant méconnu.
20 morceaux plus tard le constat est sans appel, Carpenter Brut frappe fort, là où ça fait mal. Pointu mais toujours accessible, chacun trouvera son compte dans cette rétrospective. Brut de décoffrage, l’artiste n’en reste pas moins un fin sculpteur, façonnant inlassablement de ses mains cette fresque électronique.
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