3 fois debout
- Camille Vega
- 5 déc. 2017
- 2 min de lecture
« Mon beau sapin, roi des forêts… » Roi des forêts ? Plus vraiment en réalité.
Les faits : nous sommes en plein mois de novembre et l’esprit de Noël flotte déjà depuis octobre, depuis que l’ère de la consommation avance comme par magie toutes les dates de l’année, fait sentir Noël à Halloween, Pâques en février et (ô malheur) la rentrée scolaire au mois d’août. Bref, qui dit esprit de Noël à Strasbourg dit forcément marché de Noël et qui dit marché de Noël dit sapin géant place Kléber. Or cette année, dame Nature en a décidé autrement. Déjà 2 sapins centenaires ont pris place en face de la statue de M. Kléber pour ensuite en être retirés pour cause d’effondrement ou de fissure. Bienvenue donc au troisième, en espérant que ce soit le bon.

Cette épopée des arbres alsaciens amène quelques questions : une malédiction règne-t-elle sur Strasbourg et ses végétaux ? Qu’adviendra-t-il si le troisième sapin y laisse aussi ses aiguilles ?
Couperons-nous un quatrième, cinquième sapin ? Que ne ferions-nous pas pour préserver les habitudes et traditions de Noël (bien que nous ne nous souvenions plus vraiment de la signification derrière ce brave sapin) ? Les fêtes donnent en plus des excuses à nos excès. A croire qu’on ne peut donner de l’amour qu’en l’emballant dans un papier cadeau brillant couvert de scotch et de rubans et que la poésie du monde n’est visible qu’à la lumière d’ampoules électriques qui illuminent comme en plein jour les rues de la ville.
Mais ne hurlons pas sur ces pratiques, nous les avons créées. L’homme est excessif par nature, l’homme veut tout, l’homme voit grand. Grâce à cela, il peut voler, voir dans le noir, explorer des nouveaux mondes, dépasser ses limites.
Et l’homme tend vers la beauté. Celle-ci excuse tout. De même qu’on ne sait plus trop quoi dire devant un très bel homme ou une très belle femme, on peut rester muet d’admiration devant ces spectacles artificiels qui ravissent petits et grands, parfois même malgré leurs convictions.
« La Beauté sauvera le monde » disait Dostoïevski, mais encore faut-il qu’il reste quelque chose à sauver.
Je souhaite une longue et heureuse vie de sapin à M. Sapin Troisième du Nom mais, dans le cas contraire, peut-être faudra-t-il se rappeler que l’art du renoncement n’est pas toujours vain. On ne peut se débarrasser de notre excès mais on pourrait le rendre un peu moins destructeur. Renoncer, c’est s’apprêter à créer quelque chose d’autre, faire de notre merveilleuse capacité à être foncièrement dans l’abus, une source de création passionnée.
[Mise à jour]
Le troisième sapin... pencherait. Jamais 2 sans 3 comme on dit, mais le troisième tient toujours bon malgré son petit côté de travers !
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